J'avais lu des critiques quelque peu négatives sur ce Macbeth. Je dois reconnaitre que si certaines d'entre elle sont justifiées, notemment en ce qui concernent la mise en scène, d'autres me paraissent quelque peu irritantes.
Concernant la mise en scène, Tcherniakov a transposé l'action dans la Russie actuelle et utilisé les techniques modernes en se servant de google earth ( ). Régulièrement le "machin" zoome et dézoome entre une maison bourgeoise et un "village", faute d'un meilleur terme, construit en bois censé représenter la forêt; pourquoi pas. Il y a quand même des incohérences ahurissantes comme par exemple la disparition de tout l'apsect fantastique de l'opéra : disparues les sorcières remplacées par le peuple, disparus aussi le fantôme de Banco et toutes les apparitions que les sorcières imposent à Macbeth quand il retournent les voir, une sonorisation qui gâche les scènes les plus dramatiques de l'oeuvre et j'en passe.... Des décors sans intérêt, des costumes inexistants puisque tout le monde est en tenue de ville et aucune direction d'acteur.
Vocalement, j'ai été bluffée par Urmana qui, annoncée souffrante en début d'après midi, a chanté d'un bout à l'autre de la représentation avec une énergie et une vitalité remarquable. Elle n'a zappé que l'aigu final de la scène du somnambulisme ce qui me parait dérisoire vu la prestation qu'elle avait donnée avant. Tiliakos m'a semblé être un bon Macbeth mais la voix est trop souvent couverte par l'orchestre et elle parait être bien courte pour une salle comme Bastille; néanmoins la voix est belle et tient bien la route. Furlanetto maintenant. J'ai lu ici et la à quel point il était mauvais tant comme chanteur que comme comédien, il me semble cependant, que c'est disproportionné; en ce qui concerne Banco, c'est vrai l'entrée est hésitante, et pas forcément très bien, mais il donne quand même à entendre de très belles choses à entendre; il est cependant évident que Furlanetto est plus à son aise dans des rôles de premier plan comme Filippo II (Don Carlo), Leporello/Don Giovanni (Don Giovanni) et tant d'autres. Stéfano Secco en Macduff montre lui aussi de très belles choses. Le cas Currentzis à présent; le jeune chef met beaucoup d'enthousiasme, un peu trop même par moments, dans sa direction au point de couvrir les voix ici et la. A sa décharge la sonorisation qui s'invite aux moments les plus dramatiques de l'action gêne et le chef et les chanteurs évoluant sur le plateau. L'orchestre fait parfois entendre son pupitre de vents trop fort mais c'est plutôt pas mal quant aux choeurs si la préparation musicale est visiblement meilleure, la diction est franchement mauvaise et il a fallu tendre l'oreille pour comprendre ce qu'ils chantaient.