Niccolò Paganini, violoniste, altiste et compositeur italien (né à Gênes le 27 octobre 1782, mort à Nice le 27 mai 1840).
Après avoir étudié le violon auprès de son père, il étudia à Parme avec Alessandro Rolla et commença à effectuer des tournées de concerts dès l'âge de quinze ans. Ses dons prodigieux mis en valeur par des compositions destinées à montrer l'étendue de ses talents, sa personnalité hors du commun (joueur et Don Juan à ses heures !) en firent une véritable idole. Il s'attachait à conserver un certain mystère sur ses techniques de jeu et fut un des premiers musiciens à gérer sa carrière avec un sens certain de la publicité. Beaucoup de professeurs se succédèrent au cours de la scolarité de Paganini. Le jeune élève étant un peu trop doué, beaucoup ne furent pas à la hauteur (Giovanni Servetto, violon maître de chapelle; Giacomo Costa, premier violon des principales églises de Gênes). D'autres estimaient n'avoir rien à lui apprendre dans la technique du violon, comme Alessandro Rolla à Parme, qu'avait conseillé à la famille du virtuose le marquis di Negro, ébahi par les prestations musicales de Niccolò. Cependant, en dehors du violon, Paganini reçut, de la part notamment de Gasparo Ghiretti et de son propre élève, Ferdinando Paër, des leçons de composition : harmonie, contrepoint et instrumentation lui furent enseignés trois fois par semaine par Paër pendant six mois environ. Ses compositions et entre autres les Vingt-quatre Caprices pour violon solo contribuèrent à développer la technique de cet instrument avec l'utilisation du mélange des techniques pizzicato et arco (avec cette particularité de faire son pizzicato de la main gauche), les doubles harmoniques ou bien le jeu sur une corde lui permettant d'effectuer toute la Mose-Fantasia sur la seule corde de sol (corde la plus grave du violon). Outre ses talents de violoniste, il fut un guitariste de qualité et écrivit de nombreuses pièces pour violon et guitare ainsi que pour guitare seule ; il était même capable de présenter des concerts dans lesquels il jouait alternativement, presque simultanément de ces deux instruments ! Il est possible que Paganini souffrait du Syndrome de Marfan, qui consiste en une hyperlaxité ligamentaire. Quoi qu'il en soit, il benéficia, en sus de talents innés et d'une technique supérieurement developpée, d'une morphologie particulière: ses mains, sans être plus grandes que la normale, étaient dotées d'une extensibilité hors normes. « Ainsi, par exemple, il imprimait aux premières phalanges des doigts de la main gauche qui touchait les cordes, un mouvement de flexion extraordinaire, qui les portait, sans que sa main ne se dérange, dans le sens latéral à leur flexion naturelle, et cela avec facilité, précision et vitesse. » Sa technique fit dès son plus jeune âge l'admiration des plus habiles ; ses doubles cordes inouïes, ses pizzicati poignants amenèrent des jaloux à soupçonner l'adolescent d'avoir vendu son âme au Diable. On rapporte que son audition était remarquablement développée : « La délicatesse de l'ouïe de Paganini surpasse tout ce qu’on pourrait imaginer [...] Au milieu de l'activité la plus bruyante des instruments de percussion de l'orchestre, il lui suffisait d'un léger toucher du doigt pour accorder son violon ; il jugeait également, dans les mêmes circonstances, de la discordance d'un instrument des moins bruyants et cela, à une distance incroyable. » (Bennati)
Deux rencontres marqueront sensiblement le musicien :
Frédéric Durant (ou Duranowski), brillant violoniste polonais d'origine française, rencontré vers 1795. Hector Berlioz, rencontré en 1833 après un voyage de ce dernier en Italie. Paganini lui commanda un concerto pour alto qui fut en fait la symphonie concertante pour alto Harold en Italie (1834). Cependant, jamais le violoniste ne joua l'œuvre.
Il était par ailleurs franc-maçon.
À l'instar de ce que feront Chopin puis Liszt au piano, Paganini est le compositeur qui a révolutionné la technique et l'utilisation du violon, mais de façon encore plus flagrante. Il est celui qui a fait entrer ce dernier dans le monde du romantisme, par la grande porte. Il n'est pas erroné de dire que le premier concerto pour violon véritablement romantique fut celui de Paganini. La densité thématique et sentimentale qui parcourt l'ensemble de son œuvre, et en particulier ses cinq premiers concertos pour violons (le sixième étant une œuvre de jeunesse), en sont le signe le plus éclatant. Paganini fait partie de cette première génération de romantiques pour qui tout semble possible, du rêve le plus fou à la tristesse la plus pathétique. Ces différentes caractéristiques ont conduit à surnommer l'art violonistique de Paganini, le Violon du Diable. On a souvent négligé ses œuvres pour violon et orchestre au profit de ses caprices, ces derniers étant pour la plupart des œuvres didactiques et pédagogiques, exercices techniques et spectaculaires. Ce relatif oubli masque une dimension de Paganini relativement absente dans ses caprices (excepté les derniers, dont le sublime 24e): l'inspiration. En effet, ces concertos atteignent tous des sommets d'expressivité, de lyrisme, d'intensité, de génie thématique, et sont certainement les œuvres les plus abouties du compositeur italien, voire même de l'ensemble des compositions pour violon et orchestre, qui le hisse sans conteste parmi les compositeurs les plus géniaux, toutes époques confondues. On a de même dénigré sa production générale arguant que Paganini n'avait jamais composé que pour exposer son talent au violon. Paganini était certes un virtusose impressionnant, et ses œuvres sont à sa mesure, mais il est bien évident qu'elles contiennent plus que de simples exercices de virtuosité, si complexe soit-elle. Même si elles restent encore de nos jours la dernière preuve du talent d'un violoniste. Combien de personnes sur terre sont-elles capables de jouer tout Paganini ? Peu, et en tout cas elles peuvent jouer tout le reste. Quand on parle de Paganni, ce n'est pas d'influence, mais de rupture. On retouve sa marque dans la plupart des concertos pour violon du XIXe siècle et même du XXe siècle, en particulier dans ceux de Vieuxtemps, Saint-Saëns, et Wieniawski, mais aussi Tchaïkovski et Dvořák, jusqu'à Sibelius, Glazounov ou Glière.