Né dans la ville austère, industrielle et portuaire de Hambourg, Brahms s'est initié au piano dès son plus jeune âge, grâce à son père, un musicien d'orchestre. A dix ans, il étudiait déjà avec l'un des professeurs de musique les plus prestigieux de Hambourg. Virtuose du piano, le jeune Brahms se fit connaître en multipliant les concerts, interprétant à l'occasion ses propres compositions. Mais Brahms est surtout devenu célèbre grâce à Robert Schumann et sa femme Clara, rencontrés par le compositeur à Düsseldorf en 1853, qui l'ont aidé à promouvoir sa musique, alors que Brahms avait une vingtaine d'années. Schumann avait publié un article dans les milieux musicaux allemands annonçant sa découverte d'un « nouveau messie de l'art ».
Brahms allait devenir l'un des plus grands compositeurs du XIXe siècle, sans pourtant rechercher la gloire. Véritable virtuose du piano donc, Brahms entreprend des tournées en Europe entre 1866 et 1868 qui le mènent en Hollande, en Hongrie, au Danemark et en Suisse. C'est de cette période que dâtent le Requiem allemand et la Rhapsodie pour alto (pour choeurs d'homme et orchestre). Le Requiem allemand est une oeuvre qui a valu à Brahms une plus grande notoriété, et il fut perçu à partir de 1868 comme un Grand compositeur. L'année suivante il publie les excellentes et très fameuses Danses hongroises, qui ont vraiment confirmé la grande popularité du compositeur.
En 1872, il est nommé directeur de la Société des amis de la musique de Vienne, poste qu'il tiendra durant trois années avant de démissionner, afin de se vouer plus complètement aux concerts d'hiver et à la composition en été. Il écrira notamment durant cette période ses deux premières symphonies, son Concerto pour violon, ses deux Rhapsodies pour piano ainsi que la première Sonate pour violon et piano.
Brahms exerce de plus en plus la fonction de chef-d'orchestre et il noue une amitié avec le pianiste chef-d'orchestre Hans von Bülow, avec qui il collabore. Bülow deviendra son ardent defenseur, c'est lui qui est à l'origine du fameux slogan des « trois B », cherchant à résumer ainsi le génie musical allemand, formule qui lui permettait volontairement d'écarter Wagner pour qui il éprouvait une certaine haine ... Haine selon lui légitime, le compositeur de Tristan ayant dérobé la femme qu'il aimait ! On ne peut pas dire pour autant qu'il n'aimait pas la musique de Wagner, qu'il admirait beaucoup. Brahms composera en cette période ses 3e et 4e Symphonies, le Concerto pour piano n°2, qui sont des chef-d'oeuvres. Les années suivantes et jusqu'à sa mort, il composera de nombreux lieder, dont les Onze chants tziganes et les Chants sérieux.
Le style musical de Brahms :
Originaire de Hambourg, Brahms s'installera pour une majeure partie de sa vie à Vienne. Capitale autrichienne autrefois ville de Mozart, Schubert et Beethoven, mais désormais aux mains de Johann Strauss, le Roi de la Valse. Brahms avait un caractère et des idées un peu austères, car il refusait tout progrès en musique, et il condamnait les audaces et les excès du romantisme. Musicalement parlant, Brahms devînt plus catholique que le Pape, défendant sobrement le classicisme viennois, style musical depuis longtemps obsolète, noyé par le courant romantique. Pourtant, Brahms en était si attaché, qu'il est même allé jusqu'à signer un manifeste idiot ayant pour objectif de condamner la musique « moderne » de Liszt, Wagner et autres compositeurs contemporains.
Brahms se mit donc à cultiver les formes musicales et les styles développés le siècle dernier par les compositeurs classiques du style Viennois. Quasiment seul parmi les grands compositeurs de son époque, Brahms ne s'est pas efforcé à innover la musique, et n'a pas délibéremment recherché de nouvelles harmonies ou de nouveaux timbres musicaux, en dépit de sa maîtrise incontestée en ces domaines. Il a composé plusieurs « miniatures », chansons et morceaux pour piano, mais il ne s'est jamais aventuré même aussi loin que Beethoven dans les possiblités « grandioses » qu'offrait le romantisme. Mais le fait est que Brahms avait énormément à apporter au style Viennois : une grande inspiration mélodique et romantique et une impressionante technique musicale. Ce qui est « traditionnel » dans le style de Brahms, ce sont les procédés rythmiques et la façon dont sont élaborés les thèmes; pourtant ses quatuors à cordes par exemple, ne ressemblent pas du tout à ceux de Beethoven. Brahms, en associant ensemble le style nostalgique viennois et l'influence romantique, avait réussi à créer une musique toute particulière, grâce à sa puissance et à sa complexité, et en cela il se distinguait singulièrement de ses contemporains.
Un de mes compositeurs préferés, Brahms mérite certainement d'être inclus parmi les Grands compositeurs. Il y a chez Brahms, des morceaux bouleversants d'émotions comme le célèbre mouvement lent de la 3ème Symphonie. Il avait une puissance semblable à celle de Beethoven, qui se retrouve dans sa 4ème et ultime symphonie. Brahms admirait d'ailleurs beaucoup la musique de Beethoven et a hérité de sa maîtrise et de sa puissance. Sa musique pour piano est très belle, assez différente de celle d'un Liszt ou d'un Schumann. La musique de Brahms paraît souvent lourde, chargée de musique, et souvent complexe. On pourrait regretter chez Brahms, sa nostalgie et son admiration envers le style Viennois, qui lui ont empêché de créer des oeuvres vraiment modernes et originales pour son temps. Il aurait pu être un très grand compositeur romantique s'il ne s'était pas fié aux racines antiques du classicisme, il en avait assurément les capacités. Mais je suis convaincu que c'est une part d'originalité dans le style musical de Brahms.
source :
http://perso.orange.fr/garry.holding/music/romantic/brahms/brahms.htm