Pierre Eugène Charles Cochereau, né à Saint-Mandé (Val-de-Marne) le 9 juillet 1924 et mort le 5 mars 1984 à Lyon, était un organiste, un improvisateur, un pédagogue et compositeur français.
Pierre Cochereau choisit la musique après ses études secondaires et entre au Conservatoire de Paris où il reçoit l'enseignement de Marcel Dupré, Maurice Duruflé et Noël Gallon. Il y obtient les premiers prix d'orgue, d'harmonie, d'écriture et d'histoire de la musique. Dès 1942, il est titulaire de l'orgue de Saint-Roch et devient en 1955 titulaire des grandes orgues de la Cathédrale Notre-Dame de Paris. Il fera de cette tribune parmi les plus célèbres, un lieu d'accueil pour les organistes du monde entier auxquels il cédera ses claviers tous les dimanches après-midi pour des auditions d'une heure au cours desquelles tous les styles d'œuvres pour orgue auront droit de cité. Ces concerts remarquablement présentés par Jehan Revert, maître de chapelle de Notre-Dame, seront à sa demande systématiquement enregistrés, ce qui fait de ces archives un témoignage inestimable du "jeu" organistique aux XXe et désormais XXIe siècles. Il faisait preuve pour le répertoire d'orgue d'un remarquable éclectisme, admettant lors de ces auditions les œuvres les plus modernes à son époque d'Arvo Pärt à Iannis Xenakis, en passant par des compositeurs considérés comme plus "légers" tels Georges Delerue qui lui écrivit (et pour Roger Delmote) une Sonate pour trompette et orgue. Pierre Cochereau aura pour souci de maintenir, de "relever" ce remarquable instrument (dont il ne connaîtra hélas pas la restauration), d'abord avec Jean Hermann puis en faisant appel, à la mort de celui-ci, à Robert Boisseau et Jean-Loup Boisseau. Ceux-ci feront, d'abord avec lui puis pour Jean-Loup seul avec ses successeurs, de cet orgue ce qu'il est aujourd'hui. Contrairement à la plupart de ses collègues de l'époque, Pierre Cochereau était, avec les Souberbielle, Jean-Albert Villard et quelques autres organistes un peu plus jeunes, tels Michel Chapuis, Francis Chapelet ou encore Xavier Darasse pour ne citer que les plus emblématiques, très compétent en matière de facture d'orgue, qu'elle soit orientée vers un retour à la "tradition" ou empreinte de modernité, et le travail manuel ne lui était pas étranger, pas plus que ne lui étaient étrangères les compétences en matière d'administration. Il est aussi directeur du Conservatoire du Mans de 1949 à 1956, de celui de Nice de 1961 à 1979 et est enfin chargé de créer ex nihilo à Lyon, à coté du CNR, le second Conservatoire National Supérieur de Musique en France, dont il restera le Directeur jusqu'à sa mort en 1984. En plus d'être un grand organiste aux interprétations à la fois brillantes et respectueuses de la tradition du répertoire d'orgue classique, romantique et contemporain, il est particulièrement réputé pour ses dons exceptionnels d'improvisateur. N'oublions pas que Pierre Cochereau fut, beaucoup plus simplement, un "organiste d'église" aussi présent à sa tribune que sa carrière de concertiste et de pédagogue le lui permettait. Sa connaissance approfondie du chant grégorien et plus généralement de la musique liturgique faisait de ses interventions au cours des offices, soit en accompagnant soit en improvisant, d'inoubliables moments de musique. Pierre Cochereau fut le premier à sortir "physiquement" l'orgue de ses lieux de prédilection, en faisant des tournées accompagné le plus souvent de son ami et excellent trompettiste Roger Delmotte, avec son orgue "itinérant" à tuyaux, d'une dizaine de jeux qu'il transportait dans une remorque attelée à l'une de ses toujours somptueuses automobiles. Pierre Cochereau fut aussi avec Pierre Firmin-Didot co-fondateur du Grand Prix de Chartres, concours d'orgue de renommée internationale, qui eut pour originalité d'instituer à côté du traditionnel prix d'interprétation, un tout aussi important prix d'improvisation. Même si tout un chacun prétend à un titre ou à l'autre, jusitifé ou non, être "son fils spirituel", Pierre Cochereau est injustement oublié de nos jours. Son œuvre musicale écrite est de qualité mais peu abondante. Il laisse en revanche, sur des centaines de bandes Revox et fort heureusement bien gardées, une immense quantité d'improvisations (et aussi, mais en moins grand nombre, d'œuvres du répertoire) enregistrées au cours des offices et en concert à Notre-Dame. L'écoute analytique de la somme de ces enregistrements effectués sur une période allant globalement de 1965 à sa mort et réalisés avec talent et fidèle assiduité par François Carbou devrait permettre de comprendre et d'apprécier la réalité de cet artiste unique et, malgré les honneurs de son vivant, mystérieusement atypique et particulièrement flamboyant. Pierre Cochereau est décédé d'une rupture d'anévrisme dans la nuit du 5 au 6 mars 1984 à Lyon, à l'âge de 59 ans. Il avait eu avec sa femme Nicole deux enfants qui sont aussi devenus musiciens: Jean-Marc, chef d'orchestre et directeur du Conservatoire de Tours, et Marie-Pierre, harpiste.
source : wikipédia